DANS L'OMBRE DES CABINES A CREST
A Crest le 7ème art trouve son apogée à partir de 1957 avec trois cinémas.
3 salles, 3 styles, 3 ambiances et surtout une offre conséquente avec trois à six films proposés chaque semaine. Toutes les salles fonctionnent le samedi à 21h et le dimanche à 14h ou 14h15, 17h et 21h. Le VOX propose une séance supplementaire le mercredi à 21h , l'EDEN le jeudi à 21h, le REX le vendredi à 21h et des séances supplementaires pour les jours fériés dans les trois cinémas.
Des dizaines de projectionnistes pour la plupart amateurs mais passionnés se sont succédé.L'opérateur, à la grande époque du cinéma, ne quittait pas beaucoup sa cabine. La projection en double poste avec changement de bobines toutes les 20 minutes sur des projecteurs parfois très anciens, demandait une grande attention. Sans oublier l’état avancé de certaines copies qui avaient circulé pendant des mois dans d'autres villes. Lors de la première projection, une grande vigilance était requise notamment avec les collages successifs sur les débiteurs qui perturbaient le ronronnement du projecteur.
Les automatismes étaient rares dans les salles de petites villes, le projectionniste faisait tout en manuel : extinction progressive des lumières, ouverture du rideau, arrêt de la musique d’ambiance, démarrage du projecteur, changement de format à la main en l’absence de tourelle, surveillance des charbons de la lanterne etc…
des projecteurs ETOILE capricieux mais anciens à l'EDEN en 1979
3 salles, 3 styles, 3 ambiances et surtout une offre conséquente avec trois à six films proposés chaque semaine. Toutes les salles fonctionnent le samedi à 21h et le dimanche à 14h ou 14h15, 17h et 21h. Le VOX propose une séance supplementaire le mercredi à 21h , l'EDEN le jeudi à 21h, le REX le vendredi à 21h et des séances supplementaires pour les jours fériés dans les trois cinémas.
Des dizaines de projectionnistes pour la plupart amateurs mais passionnés se sont succédé.L'opérateur, à la grande époque du cinéma, ne quittait pas beaucoup sa cabine. La projection en double poste avec changement de bobines toutes les 20 minutes sur des projecteurs parfois très anciens, demandait une grande attention. Sans oublier l’état avancé de certaines copies qui avaient circulé pendant des mois dans d'autres villes. Lors de la première projection, une grande vigilance était requise notamment avec les collages successifs sur les débiteurs qui perturbaient le ronronnement du projecteur.
Les automatismes étaient rares dans les salles de petites villes, le projectionniste faisait tout en manuel : extinction progressive des lumières, ouverture du rideau, arrêt de la musique d’ambiance, démarrage du projecteur, changement de format à la main en l’absence de tourelle, surveillance des charbons de la lanterne etc…
des projecteurs ETOILE capricieux mais anciens à l'EDEN en 1979
La qualité de l'opérateur était perceptible dans la salle. Des décadrages à répétition, des images floues ou des changements de bobines ratés, en disaient long sur la compétence de celui qui œuvrait en cabine.
Il en était de même à la réception de la copie, quand on ouvrait les boîtes en fer numérotées contenant les bobines et que les amorces étaient mélangées, on pestait contre celui qui avait précédemment projeté le film. En principe les copies étaient vérifiées chez le distributeur avant de repartir dans une salle mais ce n’était pas toujours le cas.
Il en était de même à la réception de la copie, quand on ouvrait les boîtes en fer numérotées contenant les bobines et que les amorces étaient mélangées, on pestait contre celui qui avait précédemment projeté le film. En principe les copies étaient vérifiées chez le distributeur avant de repartir dans une salle mais ce n’était pas toujours le cas.
DANS LA CABINE DE L'EDEN
1967
On a commencé à avoir ce genre de problème quand les complexes se sont développés avec l'automatisation des cabines avec dérouleurs ou plateaux et bien évidement la réduction du nombre de projectionnistes.
Les bobines de 600 mètres étaient collées les unes aux autres après coupure de l'amorce et lorsque la copie quittait le cinéma, elle était reconditionnée en petites bobines de 600 mètres. Cela se faisait souvent le mardi soir après la dernière projection et lorsqu'il fallait démonter plusieurs films rapidement, les erreurs parfois se produisaient. La bobine 1 se trouvant avec l'amorce de la bobine 2 etc... Sans parler des collures multiples qui entraînaient la perte de morceaux de films ou la disparition de repères de changement de bobines.
DANS LA CABINE DU REX
1955
DANS LA CABINE DU REX
1955
1957
A noter que la cabine étoile du REX terminera ses jours à l'EDEN.
Les bobines de 600 mètres étaient collées les unes aux autres après coupure de l'amorce et lorsque la copie quittait le cinéma, elle était reconditionnée en petites bobines de 600 mètres. Cela se faisait souvent le mardi soir après la dernière projection et lorsqu'il fallait démonter plusieurs films rapidement, les erreurs parfois se produisaient. La bobine 1 se trouvant avec l'amorce de la bobine 2 etc... Sans parler des collures multiples qui entraînaient la perte de morceaux de films ou la disparition de repères de changement de bobines.
Cette pratique fut assez répandue dans les années 70 avec les westerns italiens, films de karaté, érotiques et parfois fantastiques. Avec un peu de chance en tout petit sur la nouvelle affiche, l'ancien titre était mentionné. Mais sur les boîtes renfermant les bobines de petits distributeurs, c'était souvent le titre de la première sortie qui y figurait.
Su l’affiche de 1983 si l'on est attentif on remarque en tout petit les deux anciens titres mais rien sur celle de 1977
Tous les opérateurs ont connu des incidents techniques. L'avantage avec les appareils anciens, c'est que l'on pouvait essayer de réparer si l'on était un peu bricoleur. Mais il fallait parfois aussi apprivoiser ces vieux projecteurs et bien les connaître pour éviter les problèmes notamment au démarrage.
Les fautes d'inattention ne pardonnaient pas : la bobine non verrouillée sur son axe qui tombait en cours de projection, la musique d'ambiance qui continuait alors que le film avait débuté, une lumière qui restait allumée dans la salle car elles étaient nombreuses à l'EDEN et au VOX ( il fallait respecter un ordre bien précis afin d’éviter que le public ne se retrouve dans le noir lors du lancement du film) , le changement de format oublié etc....
Les bobines de 600 mètres étaient collées les unes aux autres après coupure de l'amorce et lorsque la copie quittait le cinéma, elle était reconditionnée en petites bobines de 600 mètres. Cela se faisait souvent le mardi soir après la dernière projection et lorsqu'il fallait démonter plusieurs films rapidement, les erreurs parfois se produisaient. La bobine 1 se trouvant avec l'amorce de la bobine 2 etc... Sans parler des collures multiples qui entraînaient la perte de morceaux de films ou la disparition de repères de changement de bobines.
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On pouvait aussi avoir de sueurs froides lorsque le titre sur les boîtes ne correspondait pas au titre du film programmé. En effet certains distributeurs avaient la fâcheuse habitude de rebaptiser les films qui ressortaient avec une nouvelle affiche. Ce procédé pas très honnête, visait à faire croire à un nouveau film et donc à enregistrer de nouvelles entrées avec un film ancien. Cette pratique fut assez répandue dans les années 70 avec les westerns italiens, films de karaté, érotiques et parfois fantastiques. Avec un peu de chance en tout petit sur la nouvelle affiche, l'ancien titre était mentionné. Mais sur les boîtes renfermant les bobines de petits distributeurs, c'était souvent le titre de la première sortie qui y figurait.
Su l’affiche de 1983 si l'on est attentif on remarque en tout petit les deux anciens titres mais rien sur celle de 1977
Tous les opérateurs ont connu des incidents techniques. L'avantage avec les appareils anciens, c'est que l'on pouvait essayer de réparer si l'on était un peu bricoleur. Mais il fallait parfois aussi apprivoiser ces vieux projecteurs et bien les connaître pour éviter les problèmes notamment au démarrage.
Les fautes d'inattention ne pardonnaient pas : la bobine non verrouillée sur son axe qui tombait en cours de projection, la musique d'ambiance qui continuait alors que le film avait débuté, une lumière qui restait allumée dans la salle car elles étaient nombreuses à l'EDEN et au VOX ( il fallait respecter un ordre bien précis afin d’éviter que le public ne se retrouve dans le noir lors du lancement du film) , le changement de format oublié etc....
DANS LA CABINE DU VOX
1958
L’opérateur pouvait aussi se faire de petits plaisirs comme celui de jouer avec le son à une époque où le Dolby n'était pas encore installé. J'avoue avoir succombé à ce plaisir sur des films d'horreur en montant le volume sur des scènes où l'héroïne se mettait brusquement à hurler ou à l'apparition soudaine d'un monstre. L'effet de sursaut du public était immédiat.
VOX 1962
Et puis pour Crest une légende urbaine circulait « Au cinéma à Crest... on coupe des morceaux de film ».
Deux éléments principaux favorisaient cette rumeur. Tout d'abord le changement de projecteur toutes les 20 minutes lorsqu'il était mal fait ou à cause d'une copie abîmée, pouvait laisser à penser qu'il y avait une petite coupure.
Et parfois il y avait aussi certaines photos d’exploitation affichées à l'entrée du cinéma qui montraient une scène que l'on ne voyait pas dans le film, car ces photos pouvaient être prises au tournage et coupées au montage, cela alimentait la polémique.
VOX Novembre 1963
VOX Décembre 1967
Aujourd'hui le ronronnement des projecteurs 35 mm ne se fait pratiquement plus entendre, mais des photos trop rares sont là pour nous remémorer cette époque.
Amateurs motivés par la passion du cinéma ou tout simplement par celle des projecteurs, les opérateurs permirent à plusieurs générations de s’émerveiller du défilement de la pellicule sur le grand écran.
Merci à Paul, Raymond, Jean -Pierre, Hamed, Patrick et à tous les autres, cet article leur est dédié.
Je salue Jean-Claude Samuel pour sa précieuse collaboration
Amateurs motivés par la passion du cinéma ou tout simplement par celle des projecteurs, les opérateurs permirent à plusieurs générations de s’émerveiller du défilement de la pellicule sur le grand écran.
Merci à Paul, Raymond, Jean -Pierre, Hamed, Patrick et à tous les autres, cet article leur est dédié.
